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A sauts et à gambades (la litté des Alpins)
7 septembre 2015

1ère L: cours d'introduction sur la poésie (complément)

La poésie au XIXème siècle – ce que vous avez (normalement…) dû retenir de la 2nde

La poésie est souvent considérée comme le genre le plus noble de la littérature, celui qui pousse au plus haut point les possibilités expressives du langage. On lui accorde d’ailleurs volontiers une origine mythique, voire divine, qui dit bien son importance. Les Grecs, par exemple, faisaient d’Apollon le Dieu de la poésie, lui associaient des muses comme Calliope ou Erato, ou des figures héroïques comme celle d’Orphée.

 

Définir la poésie s’avère pourtant une tâche complexe, tant elle est multiple et ses formes diverses. En simplifiant à l’extrême, on appelle « poème » un texte souvent bref et clos sur lui-même, versifié mais parfois également en prose, qui se sert des mots non seulement pour leur sens, mais aussi pour ce qu’ils suggèrent, pour leur sonorité, leur longueur, voire leur apparence.

 

Longtemps, l’écriture poétique a reposé sur le respect de contraintes plus ou moins fortes : respect du nombre de syllabes dans les vers (ce que l’on appelle l’isométrie : le poème est entièrement écrit en décasyllabes, en alexandrins…) ; respect de formes fixes, comme celle du sonnet, ou encore de l’ode, du rondeau ; respect d’un schéma de rimes… Elle s’est néanmoins peu à peu affranchie de ces contraintes, au XIXème et au XXème siècle, avec l’apparition de la poésie en prose ou du vers libre, et de nos jours, tous les types de poésie coexistent, y compris dans l’œuvre d’un même poète.

 

 

La poésie traverse bien sûr les siècles : du latin Ovide, aux poètes de la Pléiade (Renaissance) ; du Moyen-Age  au siècle classique ; il n’y a guère que le siècle des Lumières, celui du règne de la raison et de la clarté, qui n’ait guère été poétique. On retiendra cette importante (et schématique…) chronologie des mouvements poétiques tels qu’ils se développent en France :

1)                 Le Moyen-Age, où la poésie s’axe autour de deux grands thèmes : chanter l’amour (ce que l’on nomme la poésie courtoise), et dire la guerre et les héros (ce que l’on appelle chanson de gestes, et qui se rapproche de l’épopée).

2)                 Au XVIème siècle, l’humanisme et la Pléiade, un groupe de 7 poètes (dont Ronsard et Du Bellay) qui cherche à inventer une langue française originale et enrichie, pour dire la nature, le sentiment amoureux, celui de la fuite du temps qu’accompagne l’expression du carpe diem (si le temps s’enfuie, il faut savoir profiter du présent et « cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie », selon l’expression de Ronsard).

3)                 A la frontière entre XVI et XVIIème, la poésie est baroque. Les thèmes se font plus sombres (réflexion sur la mort ; expression de l’amour déçu ; thèmes de l’illusion ou de l’inconstance du monde…) en accord avec une période troublée, par les guerres de religion notamment. Le baroque est l’esprit de complexité, et la poésie baroque multiplie les figures de style, comme la périphrase, la métaphore, l’antithèse.

4)                 La poésie classique occupe la fin du XVIIème siècle. Par opposition avec la période baroque qui vient de s’écouler, on recherche une écriture claire, et les règles se multiplient. Les thèmes sont souvent graves, et la poésie se teinte de philosophie et de morale. 

5)                 Après une éclipse partielle au XVIIIème siècle, la poésie renaît de ses cendres au XIXème. Si certains poètes demeurent assez inclassables, à mi-chemin entre plusieurs courants, comme Baudelaire, ou totalement atypiques, comme Lautréamont ou Rimbaud, la plupart se rattachent à des mouvements nettement identifiables, et s’en revendiquent même :

a-      Au début du XIXème, l’heure est au romantisme (voire plus bas).

b-   Au milieu du siècle se crée le Parnasse, derrière Lecomte de L’Isle ou Théophile Gauthier. Les poètes y déploient une vision assez restrictive de la poésie, qui n’aurait pas à s’occuper de dire le monde qui les entoure, mais de rechercher une forme de beauté atemporelle, la plus marquée possible. Le poème est comme un joyau qui brillerait de son propre éclat.

c-    Les recherches du Parnasse sont la base du symbolisme (voire plus bas), mouvement caractéristique de la fin du XIXème.

6)                 Au XXème siècle enfin, les découvertes de la psychanalyse et  le désastre de la première Guerre Mondiale expliquent l’essor du surréalisme (voir plus bas). Le mouvement perdure dans tout l’entre-deux-guerres. La modernité poétique est ensuite plus le fait d’individus que de courants constitués : les Bonnefoy, Reverdy, Jaccottet… s’inscrivent dans une démarche moins collective, et forgent leur propre chemin, toujours à la recherche d’une expressivité accrue de leurs sentiments, de la beauté du monde, de leurs espoirs et déceptions…

 

En classe de 2nde, vous avez plus spécifiquement étudié le romantisme, le symbolisme, et le surréalisme. Quelques rappels :

1)      Le romantisme : en simplifiant là encore, on retiendra qu’on discerne trois générations romantiques :

-          Celle des Lamartine et des Vigny, qui met en place les grandes tendances du mouvement.

-         Celle qui se constitue autour de la figure-phare de Hugo, qui fixe en une écriture puissante et fluide ce que l’on identifie le plus facilement au romantisme.

-         Celle des Musset et des Nerval, qui garde du romantisme la tendance à l’introspection, mais en perd le goût de la révolte et le sens du combat. C’est la génération du romantisme noir, volontiers cynique et désabusée, celle de poètes qui ont la notion d’être « venus trop tard dans un monde trop vieux », selon la formule de Musset.

 

 

Le romantisme répond à trois tendances principales, qui prennent une importance plus ou moins grande en fonction des générations :

-         Le romantisme est volontiers lyrique. L’expression du sentiment y domine, et le goût de l’épanchement personnel trouve à s’accomplir dans de vastes poèmes, en alexandrins ou en décasyllabes, comme ceux de Lamartine (pensez au « Lac »).

-         Cette tendance au repli sur soi n’est pas exclusive d’un engagement fort dans les combats politiques et sociaux de l’époque. Lamartine a participé au gouvernement de la seconde république, issu de la révolution populaire de 1848. Hugo, surtout, est un grand indigné : royaliste d’abord, il devient républicain et paie d’un exil forcé sa lutte contre celui qu’il nomme « Napoléon le Petit », Napoléon III. Hugo s’insurge de tout et son écriture est volontiers polémique : pour les droits du peuple, contre la peine de mort ; pour la fondation des Etats-Unis d’Europe, contre le travail des enfants… Il met sa plume au service de ses combats.

-         Par réaction au rationalisme des Lumières, le romantisme se complait enfin dans le mystère et l’ombre. Il s’exprime sur la religion, sur la mort, sur le rêve, sur la folie…

 

On notera enfin que le romantisme cherche à revivifier l’écriture poétique, en jouant avec les règles de l’alexandrin, ou avec les figures de style. La recherche de l’originalité est de mise.

 

2)      Le symbolisme

On appelle « symbole » tout élément concret qui évoque une réalité abstraite. Par exemple, pour les premiers chrétiens, le poisson symbolise Jésus-Christ car, en Grec, poisson se traduit Ichtus, dont les lettres forment la phrase : « Jésus-Christ, fils du dieu, sauveur » (Iesous Christos Theo Uios Soter, en Grec).

 

 

Comment appliquer facilement ce concept à une définition de la poésie ? On dira que la poésie symboliste cherche à se servir du poème comme « symbole », c’est-à-dire que, pour elle, un poème doit évoquer plus qu’il ne dit, c’est-à-dire chercher à suggérer plus que ceux que disent basiquement les mots. Il faut donc jouer sur la force évocatoire des mots, en proposant des images poétiques inouïes, ou en jouant sur la musicalité du langage. Stéphane Mallarmé rêve ainsi d’un vers qui ne « ferait que chanter », là où Verlaine préconise « de la musique avant toute chose ».

 La poésie symbolique est volontiers complexe, mais le poète tire de toute façon gloire à ne pas être compris, signe qu’il est au-dessus de la médiocrité du langage quotidien.

 

3)      Le surréalisme

Le surréalisme naît d’une révolte, elle-même issue du carnage de la première Guerre Mondiale. La recherche de l’ordre moral, le culte du progrès et du profit, propres au XIXème siècle finissant, n’ont mené qu’à la catastrophe. Il s’agit alors de prendre le contre-pied des pseudo-valeurs de l’époque. Les surréalistes préconisent l’originalité poussé à son point extrême : si amour il y a, il ne peut être que fou, dénué de toute contrainte ; si expression poétique il y a, elle est là encore totalement libérée. Les surréalistes proclament le règne de l’imaginaire et, sous l’influence de la psychanalyse naissante, cherchent à exprimer ce qu’il y a de plus profond en eux, ce que l’on commence à appeler « inconscient ». Ils emploient des techniques variées pour y arriver :

-          écriture automatique, en dehors de tout contrôle de la volonté

-          créations collectives, comme le cadavre exquis ou l’écriture à deux

-          écriture des rêves ou sous hypnose

Les productions surréalistes sont bien sûr étranges, souvent peu compréhensibles… mais le but de ce mouvement n’étant pas de se faire comprendre, reste à se laisser charmer (ou pas…).

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